Place | Tokyo |
Date | 29/09/2003 |
Discours S.E.M Paul Biya à la Troisième Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD III)
Tokyo, 29 septembre 2003
Monsieur le Président de la TICAD III,
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de délégations,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi d'abord de remercier le gouvernement et le peuple japonais pour leur invitation à participer à cette troisième Conférence Internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique et pour l'accueil très cordial qui m'a été réservé ainsi qu'à ma délégation.
Permettez-moi également d'adresser mes très sincères félicitations aux co-organisateurs de ces importantes assises, parmi lesquels le PNUD, la Banque mondiale et la Coalition mondiale pour l'Afrique.
Ma présence ici traduit l'intérêt que le Cameroun, à l'instar des autres pays d'Afrique, porte à la TICAD, comme en témoigne, du reste, la tenue de l'une des réunions préparatoires des présentes assises à Yaoundé, au mois de juin 2003.
Aussi, au moment où nous célébrons le dixième anniversaire de cette entreprise commune, il m'est agréable de rendre hommage au peuple et au gouvernement japonais dont l'heureuse initiative prise, il y a dix ans, a donné naissance à cette plate-forme de coopération fructueuse entre le Japon et l'Afrique.
Nul doute que, par-delà la célébration d'une coopération exemplaire, nous exaltons une amitié qui est née et se consolide davantage chaque jour, entre un pays dont le génie et l'ardeur au travail forcent l'admiration et un continent résolument engagé dans la lutte contre la pauvreté.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Pendant ces dix dernières années, la TICAD a effectivement contribué à susciter un plus grand intérêt pour l'Afrique sur la scène internationale.
Le Japon, à travers la TICAD, a participé à la réalisation de nombreux projets de coopération dans les pays d'Afrique, dans des domaines aussi variés et importants que l'éducation, la santé, l'approvisionnement en eau potable, les infrastructures économiques et sociales.
Autant de secteurs qui constituent des axes prioritaires pour toute politique destinée à réduire la pauvreté.
S'agissant en particulier du Cameroun, le Japon apporte un soutien appréciable à l'exécution de plusieurs de nos projets de développement, notamment sur le plan social. Je mentionnerai, par exemple, le financement d'un vaste programme de construction des écoles primaires qui a commencé en 1997, et qui se poursuit actuellement. Qu'il me soit permis de saisir cette occasion pour remercier très sincèrement le gouvernement et le peuple japonais pour cet appui fort apprécié.
Aujourd'hui, au Cameroun comme ailleurs en Afrique, la réduction de la pauvreté constitue un des grands défis qu'il nous faut relever, pour préserver à la fois les fondements de la croissance économique et la cohésion sociale.
En effet une frange importante de la population camerounaise vit encore en dessous du seuil de pauvreté. De manière générale, depuis la crise économique, les indicateurs du développement humain se sont manifestement dégradés, notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé. a en dépit des performances économiques enregistrées ces dernières années, cette situation nous interpelle.
De surcroît, les problèmes posés sont accentués par une croissance particulièrement rapide de la population urbaine, croissance qui exerce une pression additionnelle sur les services sociaux, les infrastructures et le marché de l'emploi.
Conscient de ces enjeux, le Cameroun s'est doté d'un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté dont la conception et l'élaboration ont requis la participation active et collective des administrations publiques, des opérateurs économiques, de la société civile et des partenaires au développement.
La mise en œuvre de cette stratégie globale s'accompagne de l'élaboration de stratégies sectorielles, notamment dans le secteur rural et dans les domaines de l'éducation, de la santé et des infrastructures. Par cette stratégie globale, nous voulons :
- promouvoir un cadre macro-économique stable, afin de consolider les acquis des programmes d'ajustement structurel nés avec les institutions de Bretton Woods ;
- renforcer la croissance par la diversification de l'économie ;
- mettre en couvre une stratégie de croissance basée sur l'appui aux opérateurs du secteur rural, le développement de l'industrie et des services.
Par ailleurs, nous entendons :
- dynamiser le secteur privé considéré comme un moteur efficace de la croissance et un partenaire majeur dans l'offre des services sociaux ;
- développer les infrastructures de base, les ressources naturelles et assurer la protection de l'environnement ;
- renforcer les ressources humaines, promouvoir le secteur social et l'insertion des groupes défavorisés dans le circuit économique ;
- accroître la production agricole, et partant, les revenus des agriculteurs, en particulier ceux des femmes rurales.
Enfin, nous nous sommes engagés à :
- améliorer le cadre institutionnel, la gestion administrative et la gouvernance ;
- promouvoir l'intégration régionale dans le cadre de la Communauté Economique et Monétaire des Etats d'Afrique Centrale.
Si cette stratégie a reçu un accueil favorable de la communauté financière internationale, ce dont je me félicite, il reste que tout doit être mis en œuvre pour en assurer l'exécution intégrale. A cet effet il nous faudra aussi et surtout disposer de moyens financiers importants.
En effet, selon nos estimations, le coût total de notre stratégie de réduction de la pauvreté passera de plus de 950 milliards de F CFA à 1360 milliards de F CFA en 2007.
Bien sûr, nous devons puiser dans nos ressources internes pour assurer le financement de cette stratégie, mais il va sans dire que celles-ci demeureront insuffisantes. Aussi, nous comptons sur nos partenaires pour trouver les moyens complémentaires nécessaires à la réalisation de ce vaste projet.
A cet égard, c'est le lieu de saluer l'existence de la TICAD qui offre un cadre idoine de mobilisation des actions de la communauté internationale en faveur de l'Afrique, et plus particulièrement une plate-forme de coopération entre le Japon et le continent africain. De même, nous saluons l'appui que la TICAD entend apporter à la mise en œuvre du NEPAD qui poursuit des objectifs identiques, propres à promouvoir la croissance et le développement, et surtout à contribuer à la réduction de la pauvreté en Afrique.
C'est dire, en dernière analyse, que le lien est évident entre le combat contre la crise économique que nous menons depuis de longues années et la lutte pour la réduction de la pauvreté que nous venons d'engager.
Pour l'un comme pour l'autre, on ne cessera de le dire, l'Afrique qui compte sur elle-même d'abord, a aussi besoin du soutien de la communauté internationale pour réunir les ressources nécessaires et compléter ses efforts propres.
Ce soutien, on l'a dit à maintes reprises, pas- se nécessairement par un allègement substantiel de la dette extérieure, une augmentation de l'aide publique au développement, l'accroissement des investissements directs étrangers au profit de l'Afrique et la facilitation de l'accès au marché international des produits africains, toutes choses qui, aujourd'hui encore, sont autant de paris à gagner.
Monsieur le Président,
Excellences, Mesdames, Messieurs,
La réduction de la pauvreté dans le monde et singulièrement en Afrique est donc, au bout du compte, une affaire de solidarité, comme tant d'autres problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Si nous en faisons véritablement un enjeu commun, comme la TICAD nous en donne l'espoir, alors, il y a lieu de penser que la victoire sur la pauvreté deviendra progressivement une réalité.
Je vous remercie de votre aimable attention.